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samedi 12 octobre 2013

La croix et la manière (5)


Voici un petit additif à la série en quatre épisodes consacrée naguère aux croix et calvaires de Guémené. Petit additif, car je n'ai que deux spécimens à ajouter aux vingt-cinq croix ou calvaires déjà montrés dans les posts précédents. Mais ces deux nouveaux cas sont intéressants, l'un par son originalité, l'autre par la ferveur (et donc l'entretien) qu'il semble susciter. Heureuse symétrie, l'un appartient au bourg, l'autre à la campagne guémenoise.

Il y a quelques années encore, je prenais mon vélo et quittais ma Hyonnais par la route étroite et champêtre du Brossay. Dans le premier virage, après la borne rouge du "Service d'eau", une voie part à gauche vers la ferme de La Courtinais (au fait : que sont devenues les "filles de La Courtinais" de mon enfance, ces jeunes Cogrel qui venaient de temps à autre, l'été, partager nos simulacres de messes, de mariages ou de battages dans nos cabanes et dans nos granges ?). 

Puis bientôt on atteint une autre route, perpendiculaire, qui sillonne la campagne selon un axe Nord Sud, escaladant une côte (la côte de La Violette) déjà rude dans mes jambes d'enfants, trop rude pour que je la monte encore avec mes jambes d'aujourd'hui.

Bientôt on aborde des hameaux : La Foie, Castres, Le Jarrier. On tourne à droite et deux routes plus loin on repart au Nord : un carrefour, c'est La Daviais. Encore un effort et sur la droite apparaît une croix perdue dans un fouillis végétal, adossée à un champ de maïs, entourée de jeunes arbres, nichée dans un buisson exubérant et décorées de quelques roses couleur coquelicot qu'une main a déposées.




Cette croix (27) repose sur un socle maçonné cubique comportant une petite niche où un statuette a trouvé à se loger. C'est une de ces petites vierges de Lourdes en plastique, qui se remplissaient d'eau dudit lieu. En déménageant ma maison à La Hyonnais pour des travaux, j'ai mis la main sur un exemplaire semblable, au fond d'un vieux placard. Elle était pleine de liquide et cette eau n'était pas croupie, car par miracle elle s'était commuée en eau-de-vie ! 

Au pied de la niche abritant la vierge de Lourdes, un cartel signale au passant, en grosses majuscules, que cette croix doit son salut à la "FAMILLE DEGRE : DESVAUX". Qu'ils en soient sincèrement remerciés, car en général, malheureusement, ce patrimoine abandonné sur les chemins, souffre des outrages du temps.



La croix est décorée d'arabesques métalliques. Au milieu, un petit Christ rouillé expie patiemment les péchés du Monde.





L'autre croix dont je veux parler n'a rien à voir avec cette humble démonstration de la piété des campagnes. Combien de fois suis-je passé devant sans la voir, et pourtant elle se doit de figurer à tout inventaire de cette nature.

Cette croix (26) est belle par son ampleur, sa matière, sa forme, son socle.

On la trouve à la sortie du bourg, sur la route de Redon, à l'entrée du chemin qui conduit au manoir de Tregroaz. Cette demeure fut celle du docteur Émilien Benoist dont j'ai célébré la thèse de médecine tout récemment. Il y rendit l'âme d'ailleurs.


La couleur sombre des éléments de ce monument se fondent sur la végétation et c'est sans doute pourquoi l’œil n'est pas accroché. Tout à côté se trouve une maison de brique rouge dont l'angle comporte une fenêtre aveuglée où une peinture a été réalisée : un balcon avec un pot de fleurs, un oiseau et un chaton sur fond de rivière et de pont, au loin. Voilà pour point de repère.



A gauche de cette maison quand on la regarde, se dresse la magnifique croix de Tregroaz : une croix de pierre, une ardoise nue, luisante et élancée, d'un bleu profond, qui fait penser - en moins élevée - à la croix qui fait sentinelle à l'entrée de la propriété de Tréguel, sur la route de Beslé (19).

Aucune inscription ne vient éclairer son origine, l'intention de ses commanditaires, son âge.


A sa beauté hiératique se joint celle de son socle, ensemble de pierres de schiste moussues, enguirlandé de lierre, ayant la forme d'une haute barque dont la proue regarde la route de Redon et paraît tourner le dos à la rivière du Don située en contrebas.





Ainsi s'achève l'inventaire des croix et calvaires de Guémené...à moins que le hasard ne m'en fasse découvrir d'autres, le cas échéant avec votre concours....

Comme pour les articles précédents, je republie ci-après les deux cartes de la commune avec les numéros des croix, intégrant celles étudiées ce jour. A très bientôt.



1 commentaire:

  1. amusant comme les jeux d'enfants sont d'une époque ! avec mes frères et soeurs nous faisions la messe dans le grand escalier de notre maison avec timbales de communion, napperons brodés et rognures de pain d'ange gagnées à l'école en guise de récompense.

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