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mardi 8 mai 2012

Hommage au dernier garde champêtre


Le 6 mai 2012, il y a deux jours, était le 102ème anniversaire de Marcel Haméon, jadis garde champêtre de Guémené. Le garde champêtre est, à côté du médecin, du maire, du curé, de l'instituteur, une figure d'autorité des communes rurales. Il annonce la LOI. Et Marcel Haméon, je l'ai connu : il appartient au paysage guémenéen et plus particulièrement au mien.

Grâce à la gentillesse d'une des parentes de Marcel Haméon, je suis en mesure de vous proposer un petit document lui rendant hommage, retraçant son parcours personnel et professionnel.


Ce texte est rédigé par Jacky Michel, que je ne connais pas personnellement, mais dont j'ai entendu parler comme d'un guémenéen éminent, soucieux de célébrer le patrimoine humain et culturel de sa ville. Sa maman fait partie également des personnages importants de mon Guémené et je l'ai revue récemment avec plaisir.

Je vous propose ci-dessous cet hommage ainsi que sa reproduction sur laquelle figure la silhouette de notre garde champêtre inoubliable.

Ensuite, j'éclairerai un point particulier et certainement difficile de sa vie : sa captivité en Allemagne.

Dans le texte qui suit, il est dit que Marcel Haméon était "issu d'une famille honorablement connue". Oh combien ! Il était l'un des fils du couple qui prit la succession du Petit Joseph (Joseph Herbert, mort en 1915) à la direction de l'Hôtel des Voyageurs de la place Simon. De nombreuses cartes postales anciennes illustrent cet établissement et représentent ses anciens tenanciers.

Voici le texte et le document :

Le 1er juin 1937, M. Marcel HAMEON, devant le préfet de Loire-Inférieure, M. Fernand LEROY, et M. le Maire de Guémené-Penfao, prête serment et endosse l’uniforme de garde champêtre, et cela jusqu’en 1939, départ pour la guerre.

Le sergent-chef HAMEON retrouve son poste à sa libération en 1945. Il fut prisonnier au stalag Sagan Basse Silésie. Il occupait à cette époque, avec ses parents, quelques pièces au rez-de-chaussée de la Mairie, qui était la conciergerie.

Lorsqu’il épouse une veuve de guerre, Mme RAIMBAULT, mère de deux enfants, il s’installe à l’étage et occupe différentes pièces qui deviennent son appartement.
Ce personnage truculent, haut en couleur, faisait partie du paysage. Il sillonnait le bourg et la campagne sur son vélo.

Les enfants, malgré sa gentillesse, avaient peur de lui. C’était surtout son uniforme qui changeait de couleur suivant les saisons. Il n’avait pas d’égal pour annoncer avec humour et fort roulements de tambour les nouvelles dans le bourg.

Le dimanche, perché sur un des piliers de l’église, l’annonce était pour les gens de la campagne qui sortaient des trois messes.

Cette figure pittoresque de Guémené-Penfao partit en retraite en mai 1970, après plus de 30 ans de bons et loyaux services. Il était né le 6 mai 1910, issu d’une famille honorablement connue de Guémené-Penfao. Il est mort en octobre 1977.

Son souvenir restera encore longtemps dans nos mémoires. La plupart des Guémenéens se souviennent encore de ses frasques et de sa bonhomie.
 Jacky Michel



Et voilà...

Il aura donc passé plus de 5 ans de sa vie en captivité, dans un stalag situé dans l'actuelle Pologne, à 80 km à l'est de la frontière allemande, près de la ville de Sagan.

Sagan (ou Zagan) comprenait deux camps. L'un était réservé aux pilotes d'aviation et fut installé en 1942. Il fut le cadre de l'évasion spectaculaire immortalisée par John Sturges dans le film la Grande Évasion avec Steve McQueen et bien d'autres acteurs. L'autre où fut enfermé Marcel Haméon était le Stalag VIII C.

Ce camp-ci a été établi entre septembre et octobre 1939. Il a occupé jusqu'à 480 000 m2. Il était localisé dans le sud de la ville, à côté de la route qui menait à Ilowa Zagañska (Halbau). Au commencement, il y avait quelques milliers de soldats polonais de la campagne de septembre 1939. En 1940 on les a privés du statut de prisonniers de guerre et on les a transportés en Allemagne pour des travaux forcés. 

On a alors destiné le Stalag VIII C aux Français prisonniers de guerre et un an plus tard leur nombre a passé 45 000. En ce temps-là on a commencé à y enfermer  des Belges, des Anglais, des Italiens, des Américains, des Tchèques, des Grecs, des Hollandais, des Canadiens, des prisonniers de guerre de la Yougoslavie et de l’Union Soviétique. Il y avaient aussi des prisonniers de guerre de l'Algérie, du Maroc, du Sénégal, l’armée française comptant de nombreux soldats originaires des colonies.

Bref, une colonie humaine très éclectique. Ce qui détonne aussi, c'est ce qui suit, pour lequel je renvoie à 3 liens.

Ces trois liens particulièrement intéressants concernant la vie de ce camp et notamment (et si j'ose dire) la "vie culturelle" :

où l'on peut voir 55 photos du camp et de prisonniers ;

avec d'incroyables photos de représentations théâtrales ;

page dédiée aux représentations musicales donnée au camp de Sagan (textes de chansons)



Je me plais à imaginer que Marcel Haméon a pu assister à ces spectacles...



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