Rechercher dans ce blog

dimanche 25 novembre 2012

Les fayots de l'Empire

Comment résister à mettre en lumière, une fois de plus, la médiocrité moutonnière des "Autorités"...

L'arrière-plan historique de ce que j'aborde aujourd'hui, est un des nombreux attentats auxquels Napoléon III fut confronté.

Le 6 juin 1867, un jeune Polonais exilé à Paris, fils de bonne famille par ailleurs, apprend que le Tsar de toutes les Russies, l'infâme égorgeur de la Pologne, j'ai nommé Alexandre II, vient faire un petit tour à l'Exposition Universelle organisée, cette année-là, dans la capitale de notre Hexagone.

Son sang ne fait qu'un tour, et il décide de trucider le César russe, histoire, pense-t-il, de libérer sa patrie polonaise qu'on assassine.

Il se poste près de l'hippodrome de Longchamp vers 17 heures, le 6 juin 1867, et tire sur le souverain de Moscovie qui revenait de la revue militaire, ses deux fils et l'Empereur français à ses côtés.

Pas de chance : le pistolet à deux canons explose ; le tireur est blessé à la main et maîtrisé par la foule bouleversée ; la balle vient quand même tuer un pauvre cheval qui n'avait rien fait.

La nouvelle parvient dans les chaumières, l'onde de choc fait trembloter les jabots des notables, et les conseils municipaux s'empressent de témoigner leur soutien ému à l'Empereur. Voici donc ce que cela donne à Guémené, six jours après le drame :


"Vote d'une adresse à l'Empereur
12 juin 1867

A la nouvelle de l'odieux attentat commis par une personne d'origine étrangère contre l'hôte illustre de Votre Majesté et de la France, le pays tout entier a frémis de surprise et d'indignation.

Nous remercions la Providence d'avoir préservé vos jours si nécessaires à la Patrie et ceux d'un auguste souverain.

Au nom de nos concitoyens, nous vous renouvelons, Sire, la respectueuse assurance de notre dévouement et de notre fidélité.

Les membres du Conseil municipal et les fonctionnaires de Guémené ont signé :..."

S'ensuit une grande plentée d'autographes où l'on distingue bien sûr les membres du Conseil (Fidèle Marie Simon, le Maire ; Durand son premier adjoint et David son deuxième adjoint ; et bien d'autres), mais aussi :

Moncuit, Percepteur
Juvin, Secrétaire de Mairie
Revault, Receveur des Contribution Indirectes
Dubourg, Deuxième suppléant au Juge de Paix
Policard, Receveur Buraliste
Jorreau, Brigadier de gendarmerie
Arnaud, Gendarme
David, Gendarme
Pinczon (Julien), Huissier

Bref, la Loi, les Impôts et l'Armée à la rescousse de la Patrie. Et un huissier, sans doute pour constater les dégâts...

On appréciera, par les temps qui courent, la délicate allusion à l'origine étrangère de l'impétrant assassin de tsars : bien sûr, c'est pas un vrai français qu'aurait pu faire ça...non, c'est bien un ingrat d'étranger qu'on a nourri à notre sein. Comme d'hab'.

Pour ceux qui voudraient avoir un éclairage sur ce polonais tsaricide, je renvoie à l'article Wikipédia où j'ai puisé :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoni_Berezowski

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire