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samedi 10 novembre 2012

Saint-Yves à Guémené (2)


Le second texte concernant Saint-Yves s'intitule " Comment le diable emporta la servante qui avait voulu voler la statue du Saint ". Je le tire des même recueils du Marquis de l'Estourbeillon et de Paul Sébillot que le texte publié dans le post précédent.

Le point de départ de l'histoire se situe dans un village du voisinage de la chapelle Saint-Yves, à la veillée où les filles filent le lin. Cela rappelle que la Bretagne, libérée par le blé noir de la contrainte alimentaire, avait pu développer des cultures complémentaires comme celle du lin. D'où les nombreux tessiers, texiers ou tissiers (tisserands) que l'on retrouve dans les registres paroissiaux.

Quand on s'intéresse aux moulins de Guémené, on s'aperçoit d'ailleurs qu'à côté des moulins à farine, on comptait pour la préparation des étoffes, dans la première moitié du XIXème siècle, une tannerie (à Subrette) et des moulins à foulon (Moulin des Piles, à la Ménardais, au bas du village des Rivières, sur le Don).

Sur un mode simplissime, ce petit conte nous narre, l'histoire d'un mauvais troc d'une jeune présomptueuse : mon âme (mon être) contre un objet futile (un tablier de soie) au service de la vanité (paraître).

La fin, assez spectaculaire (édifiante comme une éxécution publique), sauve la morale. Et qu'on se le dise, il n'y a pas de rédemption pour le crime blasphématoire commis puisqu'il n'y a plus de corps à ressusciter à la fin des temps. Voici :


Au village de la Landezais, tout proche la chapelle de Monsieur Saint-Yves, était une jeune chambrière (servante), la plus accorte (dégourdie) de tous les environs. Raffolant de la toilette et ne songeant qu'a paraître la plus belle aux assemblées d'alentours, sa maîtresse lui avait souvent dit qu'elle vendrait son âme pour un bout de ruban. A coup sûr, elle ne pensait point dire si vrai, car cela arriva comme elle l'avait prédit.

Un soir de fileries (assemblée des gens d'un village réunis pour filer le lin à la veillée d'hiver), un de ses prétendus lui ayant demandé si elle était peureuse, elle ne craignit pas de dire qu'assurément elle n'avait peur de rien et que si on voulait lui donner une davantière (un tablier) de soie pour la prochaine assemblée, elle promettait d'aller dès le soir, au coup de minuit, chercher toute seule, la statue de Saint-Yves dans sa chapelle, distante d'un kilomètre environ, pour la rapporter au village de la Landezais.

Plusieurs jeunes gens tinrent la gageure et lui promirent la davantière demandée, si elle voulait exécuter sa promesse.

Hélas ! mal en prit à notre chambrière, elle partit au coup de minuit comme elle s’y était engagée, mais elle ne revint pas. 


Le diable l'avait emportée et son bourgeois (son maître), la cherchant le lendemain, ne trouva dans le chemin de la chapelle que sa chevelure pendue à un arbre, et la statue du saint qu'elle avait volée, entre ses deux sabots.

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