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mercredi 6 mars 2013

Vitraux et merveilles (2)

Juste au-dessus de l'orgue, en face de la composition remarquable qui formait hier la matière de mon premier post sur les vitraux de l'église, se trouve une autre oeuvre du même vitrailliste, accomplie en même temps, et qui concerne également la famille de Becdelièvre (comme pour le post précédent, je mets les illustrations à la fin de l'article).

Ces vitraux évoquent : pour l'un à gauche, celui qui est, sans doute possible, le commanditaire de ces ouvrages : Henry de Becdelièvre, Marquis du Brossay, et, pour l'autre à droite : Louise Marie Emilie Jeanne Renault-Lagrange, sa défunte première épouse à la mémoire de laquelle il est dédié.


La composition de Jean Clamens suit en tous points celle qui lui répond de l'autre côté du choeur : une rosace avec les armes des deux familles et la devise des Becdelièvre coiffe les deux vitraux.

En hauteur sont figurés les saints patrons des deux dédicataires : Saint Henri, d'une part, et Sainte Emilie, d'autre part. Dessous, une scène emblématique de la vie des bienheureux est représentée.


Henry Louis Auguste de Becdelièvre est Marquis du Brossay depuis la mort d'un grand-oncle vers 1855. Il est né le 15 juin 1863, fils de Louis Marie Philippe et de Henriette Marie Elisabeth Le Viconte de Blangy dont on a pas mal parlé hier, je n'y reviens pas.

Le jeune homme est l'aîné d'une grande fratrie qui va se distinguer dans le sabre ou dans le goupillon, au choix : on y trouve en effet un officier de cavalerie, un sous-officier d'active en Afrique, une Carmélite, un Père Jésuite. Le plus pittoresque (si on ose dire) restant quand même un oncle "camérier secret de cape et d'épée de Sa Sainteté Léon XIII" (pour ceux qui auraient encore le front d'ignorer de quoi il retourne : c'est un laïc chargé au Vatican d'une mission particulière par le pape. On se demande bien laquelle, tonton résidant à Nantes...).

Henry Louis Auguste va épouser en premières noces Louise Marie etc... le 29 septembre 1892. D'elle, on sait peu de choses, sinon qu'elle naquit en 1862 et mourut sans postérité le 13 octobre 1915 à Angers.


Les vitraux de Jean Clamens, datés de 1916 comme ceux examinés hier, sont donc légèrement postérieurs à ce funeste évènement (Henry se remariera en 1917 avec Madeleine de la Fruglaye : de ce nouveau couple procédera la lignée des marquis du Brossay contemporains).

Disons-le de suite, l'iconographie de ces vitraux n'est pas très documentée. Comme souvent, il y a une brassée de Saints Henry et il est bien difficile d'y faire son choix. Quant à Sainte Emilie, c'est encore plus compliqué.

Le Saint Henry est représenté en évêque, crosse et mitre. Il s'agit selon toute vraisemblance de celui qui, parti en Finlande vers 1157, fut bien évêque (et martyr). Il était né en Angleterre, dirigea l’Église d’Uppsala et annonça l’Évangile aux Finnois. Il fut assassiné par un meurtrier qu’il s’était employé à convertir aux moeurs prônées par l’Église. Il fut donc en quelque sorte victime de son échec et ne bénéficie par conséquent pas de la palme académique des martyrs.

Juste en-dessous de cette belle figure épiscopale, on peut en effet observer une scène intitulée "Saint Henri enseigne la religion" où notre héros prêche à quelques personnes : un chevalier, une femme, un paysan qui arbore dangereusement une hache à son côté.


Sainte Emilie, quant à elle, est une belle jeune fille couverte d'un manteau pourpre. Elle tient à la main droite la palme officielle de la martyre. Mais la documentation ne signale pas de Sainte Emilie ayant subi des outrages quelconques, ni premiers, ni derniers. Il y aurait bien Saint Emile qui fut torturé et brûlé, mais ça ne fait pas notre compte pour autant.

Jean Clamens insiste cependant, dans son vitrail, sur cet aspect de la vie de ce personnage en produisant plus bas dans sa composition une scène de la vie de la Sainte qui a pour titre "Saint Emilie menée au supplice". Un soldat la ligote devant trois autres hommes dont l'un, assis sur un trône précédé de quelques marches, la montre du doigt (c'est impoli pourtant) et semble la condamner. Les deux autres personnages sont de profil et de dos : ce sont des docteurs peut-être, devant qui sont des rouleaux avec du texte.


Enfin, au pied des deux compositions artistiques s'étalent sobrement, d'un côté : "Henri, marquis de Becdelièvre 1863" ; et de l'autre : "A la mémoire de Louise Marie Emilie Jeanne Renault Lagrange marquise de Becdelièvre 1862 - 1915".

Que dire de plus ? Sinon : "Venez et appréciez !"











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