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samedi 23 mars 2013

Vitraux et merveilles (6)


Je poursuis la saga des vitraux de l'église de Guémené. Mais j'ai mangé mon plain blanc, et avec les seuls éléments auxquels Internet me donne accès, il devient de plus en plus difficile de faire le tour de chaque question (chaque paire de vitraux).

Ainsi, si je me tourne vers le choeur, je découvre les vitraux "MG et TG". Il sont là bien visibles, à droite des vitraux centraux figurant Jeanne d'Arc et un saint sauroctone, à savoir l'archange St-Michel (toutes les photos sont en fin d'article).

Je les appelle "MG et TG" d'après les initiales affichées des commanditaires dont je n'ai pas réussi à percer l'identité. J'aurais aussi bien pu les appeler "Marguerite et Théophile" puisque ce sont les deux saints qui forment la matière des deux verrières. On sait au moins à quels prénoms font donc référence les "M" et "T" de "MG" et "TG". Pour autant, je n'ai pas trouvé à Guémené vers la fin du XIXème siècle de Théophile dont le nom commençât (et oui, osons le subjonctif imparfait !) par "G". 

Ces vitraux sont très semblables, par leur économie et leur style, à ceux dédiés à la mémoire de Laurent Dubourg dont il a été question dans le quatrième post que j'ai consacré aux vitraux de l'église St-Pierre et St-Paul de Guémené, qui sont situés précisément à gauche des vitraux centraux du choeur.

Peut-être sont-ils la commande de quelque famille alliée ou amie de Laurent Dubourg, ce retraité percepteur et vieux garçon décédé en avril 1887.

Les deux oeuvres d'aujourd'hui sont elles-mêmes datées de 1887, soit un an après l'achèvement de l'église. Elles sont signées "MEGNEN, CLAMENS et BORDEREAU - ANGERS", attestant, comme pour les vitraux "Laurent Dubourg", la provenance angevine de cette production.

Mais comme on le signalait d'entrée, l'ordonnancement des deux vitraux est tellement semblable à ce que ce même atelier d'Angers à réalisé auparavant que, même sans signature, on aurait eu aucune difficulté d'attribution.

En effet, chaque vitrail présente, en partant d'en haut, le personnage principal avec ses attributs, puis une scène caractérisant sa vie et, enfin, une petite composition permettant de fournir les renseignements usuels : signature des artistes et identification des commanditaires.

Saint-Théophile était évêque d'Antioche, aux confins actuels de la Turquie et de la Syrie, et il vivait au deuxième siècle de notre ère. On ne sait rien de très croquignolet sur son existence. C'était un intellectuel qui a pas mal écrit à ce qu'il paraît, et dont il reste un traité, qualifié "d'apologie"  c'est-à-dire de texte défendant le christianisme : c'est donc un apologète...

On retrouve bien tous ces éléments dans le vitrail des verriers d'Angers : le Saint-Théophile en pied de la partie supérieure de l'oeuvre, est coiffé de sa mitre épiscopale et tient en mains une crosse, un stylet et un écritoire. On notera le liseré de pierres précieuses de son vêtement. Stylé, le Théo.

Dans la scène sous-jacente de son existence, ce saint barbu a l'air de tailler la discute avec d'autres "docteurs" mitrés. A l'époque où il vivait, les disputes religieuses et philosophiques battaient leur plein, soit entre penseurs chrétiens, soit avec les philosophes non chrétiens (le philosophe épicurien Celse, par exemple).

Sainte-Marguerite n'a pas eu une vie bien marrante. Elle vivait à Antioche aussi, mais un peu plus tard que Saint-Théophile (fin du IIème, début du IIIème siècle de notre ère). Elle se convertit au christianisme et fit voeu de virginité. Jusque-là rien que du normal. Mais voilà que le préfet d'Antioche, le romain Olibrius (!) veut l'épouser. L'affaire tourne mal : on la fait dévorer par un dragon, mais elle lui transperce le ventre. Alors, on lui coupe la tête (à Marguerite, pas au dragon).

Pas grand-chose de tout le légendaire final dans le vitrail de Guémené. Sainte-Marguerite, déjà auréolée, tenant une croix dans la main droite, est présentée au préfet romain assis sur un trône, par un personnage en manteau vert portant des lauriers d'or sur la tête. Elle tend sa main gauche vers Olibrius. D'ailleurs le mouvement des bras des trois personnages est curieux : le personnage en vert désigne la sainte qui pointe du doigt le préfet qui paraît s'en protéger par son bras qu'il ramène vers lui.

A l'arrière-plan, derrière Marguerite, un soldat romain complète la scène.

Au surplomb de ce moment d'émotion, la Sainte est représentée dans sa splendeur extatique : auréole bien sûr, yeux au ciel et palme du martyr au côté. Elle est vêtue d'un joli manteau rouge brodé d'arabesques florales dorées et tient sur son sein un objet blanc non identifié.

Voilà pour cette fois. Nous sommes en présence de l'une des premières ornementations de l'église de Guémené auxquelles les fidèles furent exposées. Ce n'est pas la meilleure, toutefois, et l'on a déjà vu que les artistes verriers angevins eux-mêmes pouvaient faire mieux.

A vous revoir, pour la suite de ces aventures vitraillistes.












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